vendredi 1 septembre 2017

Le Lac de Charpal

Il existe encore de rares lacs sauvages ou tout du moins préservés du tourisme de masse, c'est avec un grand plaisir que nous avons découvert cette remarquable retenue, le lac de Charpal, lieu d'histoire et réservoir stratégique pour le département de la Lozère.

Le lac de Charpal est le fruit de la Première Guerre mondiale, c'est assez rare pour être signalé, une retombée positive de cette terrible guerre. C'est entre 1923 et 1929 qu'il a été décidé, dans cette vallée isolée et quasiment inhabitée de créer un dépôt pour les munitions restantes de la Première Guerre mondiale, ainsi il avait été prévu d'immerger les tonnes de bombes et autres ogives au fond d'un barrage.

Une ligne de chemin de fer fût créée pour l'occasion, en 1938, lorsque le barrage est terminé, la ligne est déferrée. Le projet n'aboutira jamais, l'urgence de mettre en sécurité des millions de munitions, la peur de laisser dans un lieu sans surveillance des armes et des explosifs et surtout la nature de l'eau, très acide rendent la raison aux ingénieurs. Les bombes seront enterrées dans les divers camps militaires de France, le lieu est abandonné jusqu'en 1946 où il est racheté par la ville de Mende. Dès lors une forêt est plantée et les abords du lac sont amménagés, en 1992 EDF a réaménagé la retenue, aujourd'hui le barrage de Charpal représente ⅓ de toute l'eau potable utilisée par le département de la Lozère. Son importance stratégique est de tout premier ordre.





Le lac de Charpal propose un magnifique sentier sur tout son pourtour, une balade facile d'une dizaine de kilomètres qui traverse des prairies, des tourbières, qui coupe des ruisseaux et qui suit l'ancien itinéraire de la voie ferrée.


Une particularité importante de ce lac, c'est l'interdiction de s'y baigner, cela permet de conserver son calme, et la sérénité du lieu. Une surveillance discrète existe, un garde circule régulièrement, le lac est un haut lieu de la pêche, mais là encore ne comptez pas revenir avec du poisson, ici on relâche ses prises, le lac est "No Kill". Le lac de Charpal est la plus grande retenue de pêche au brochet No Kill de France.



Nous sommes au royaume de la randonnée, du vélo tout terrain, en pleine nature dans un silence total, un site extraordinaire.



Nous progressons au milieu des épilobes, sur le tracé de l'ancienne voie ferrée.


La pêche est règlementée sur le lac, plusieurs débarcadères existent pour les petits bateaux électriques.




Pour préserver les sentiers et permettre de traverser sans dégâts les zones humides, une grande partie du tour du lac est amménagé avec des sentiers de bois. Cela procure un confort inégalé et permet aux personnes âgées et aux enfants de progresser sans peine.


Le pourtour du lac est recensé depuis 2002 parmi les sites d'importance communautaire du réseau Natura 2000 en raison de la concentration exceptionnelle de tourbières qu'il abrite.


Au loin, de l'autre côté du lac de Charpal, le Truc de Fortunio et son relais.






Nous sommes a 1360 mètres d'altitude, et le sentier bordé de fleurs nous permet de voir de nombreux papillons, ici un Paon du Jour prend le soleil.





La balade est très agréable, nous passons de zones ombragées a des zones plus découvertes, par moment le paysage se ferme, le lac n'est plus visible, mais la majorité du temps nous longeons les flots. L'ambiance peut rappeler le Canada et ses paysages de forêts et de lacs.





Autour du lac de Charpal, il existe quelques panneaux pédagogiques qui présentent la faune, la flore, la géologie et l'histoire du lieu.









Les kilomètres défilent sans que nous nous en rendions compte, bientôt nous atteindrons la moitié du parcours.


En arrivant à la pointe du lac, les planches laissent la place à la terre sombre le long du sous-bois.




Vers le fond du lac, à l'opposé du barrage, une petite plage sert aux oiseaux pour se reposer, un observatoire a été aménagé pour les observer.



À la pointe du lac, une zone humide est composée d'herbes hautes, nous ne sommes pas encore dans les tourbières.


Le sentier de planches permet de préserver nos chaussures et le milieu.


Nous voici au kilomètre 3,4, nous ne nous en sommes pas rendu compte, l'émerveillement est permanent, ce site est extraordinaire.



Nous sommes quasiment seuls au monde, l'ambiance reposante est délicieuse, le ressourcement total, et nous rêvons d'un chalet de rondin de bois sur les rives du lac...



La zone herbeuse du fond du lac est remarquable, nous avançons au milieu des libellules, des grenouilles, la perspective sur la retenue est très belle.





A la pointe du lac nous traversons une petite rivière et nous changerons de rive.


Nous voici dans les tourbières.


Nous sommes sur un site fragile, des panneaux rappellent régulièrement la conduite à suivre pour le préserver.




Une longue passerelle traverse une grande tourbière, vous y verrez peut être une plante a coton, la linaigrette, des plantes carnivores, droséra.
















Les linaigrettes comme des flocons de neige parsèment la grande tourbière.



Après la traversée de la grande tourbière, le sentier pénètre la forêt.





Encore 2,6 kilomètres avant de boucler le tour du lac.


Les zones humides se succèdent, les paysages changent imperceptiblement empêchant toute lassitude.







Quelques rares digitales fleurissent le sentier.


Nous entrons dans la forêt, loin du lac.






D'énormes blocs encadrent une rivière, ces rochers sont impressionnants dans ce milieu plutôt plat.







Cette zone de rochers longe une partie du lac.





Voilà le barrage à nouveau, les dix kilomètres ont été un plaisir autour de ce lac préservé et silencieux.



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